Et pourtant il fait froid, et pourtant c'est beau. Et pourtant je suis seule, toute seule. Je regarde toute cette masse blanche, ce froid qui nous envahit, ce gouffre enfin rempli. Mais où es tu ? Où es tu, toi, au milieu de tout ça ? Y a-t-il quelqu'un, quelque chose qui pourra nous le dire ? Les flocons tombent sur mes cheveux, sur mes cils, sur mes lèvres. Je fais exprès de les laisser fondre sur ma bouche pour l'apaiser. Oui, pour apaiser cette bouche, cette bouche qui dévore, qui brule, qui incendie dans les plus sombres de mes songes. Cette bouche enflammée qui ne demande qu'à être recouverte, cachée, calmée. Alors je laisse les flocons y tomber, je les rattrape d'un coup de langue et ferme ces lèvres gercées.
Où sont les tiennes ? Où sont celles que je tente, en vain, de retrouver chaque nuit, dans d'autres bras, dans d'autres lits ? Où sont celles que je dessine du bout du doigt, que j'effleure dans le vide comme si elles étaient là, comme si elles avaient toujours été pour moi ? Je les devine, je les esquisse et pourtant elles restent impalpables. Evidemment. Tu n'es pas là, pourquoi les verrais-je ? Je marche toujours, toute seule, dans le froid. Et pourtant c'est toujours beau. C'est toujours beau d'imaginer ton souffle chaud dans l'air froid de l'hiver. C'est toujours beau d'imaginer ta peau gercée sous les vêtements.


Où es-tu ? Je t'attends.

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